Guillaume Poncelet
C’est dans l’ombre, celle d’un studio ou d’un chanteur, que le musicien Guillaume Poncelet travaille la plupart du temps. Pianiste autodidacte, trompettiste de jazz formé au Conservatoire, il a composé et enregistré pour Thomas Azier, Ben Mazué et Gaël Faye qui vient de remporter le trophée « Révélation scène de l’année » aux Victoires de la musique. Après avoir exploré des univers musicaux très éclectiques pendant 20 ans, Guillaume a choisi le piano droit pour nous dire quelle est sa musique. Celle qui lui ressemble. Son premier album solo s’appelle Quatre vingt huit.
© Marie Minair
Sitôt installé dans son studio du Pré-Saint-Gervais où je le retrouve, Guillaume Poncelet avoue timidement qu’il n’est pas très à l’aise avec les mots. Son médium c’est la musique. Et c’est au gré des notes de piano qu’il nous invite dans son univers. Un univers très éloigné de ce qu’il a fait auparavant. Guillaume a toujours envisagé la musique comme une succession de collaborations. En 20 années de métier, il a travaillé avec des artistes comme MC Solaar, C2C, Ben l’Oncle Soul, Ayo, Stevie Wonder, Earth, Wind & Fire. Il a aussi fait partie de l’Orchestre National de Jazz. « Je ne ressens pas un besoin viscéral de m’exposer mais j’ai eu envie de répondre à la question Quelle est mon identité musicale ? ». C’est ce qui a motivé l’écriture de ce projet. Et quatre ans, c’est le temps qu’il a fallu à Guillaume pour oser le dévoiler.
Quatre vingt huit c’est 14 titres, dont 12 instrumentaux. C’est aussi le nombre de touches sur un piano. Celui de l’infini. De l’immense champ des possibles qui s’offre à lui. En terme d’accords, de nuances. « Un piano c’est un orchestre, tu as à disposition toutes les émotions, toutes les dynamiques. » Pour lui, c’est le plus riche des instruments. La musique de Guillaume, celle qui lui ressemble, nous enveloppe de douceur. Elle est comme une caresse qui nous effleure. Provoquant parfois une émotion plus vive lorsqu’une note de piano vient vous frapper en plein cœur. Son album commence par le fruit d’une improvisation, Morning roots, et se clôture avec Mon terroir. Dans ce dernier morceau bouleversant, Guillaume a choisi son complice depuis 10 ans, Gaël Faye, pour incarner le texte écrit par son père, Gustave Poncelet. Son père, il lui rend également hommage dans Gus song. Guillaume imagine une rencontre qui n’a jamais pu se produire. « Il est parti trois ans avant la naissance de mon fils. Je lui ai donné son prénom. »
© Marie Minair
Si elle peut vous transporter, parfois vous écorner, la musique de Guillaume Poncelet n’est pas triste. Elle est mélancolique. « Les gens ont tendance à confondre ces deux émotions. » Le son de Quatre vingt huit, Guillaume l’a souhaité brut. « Le piano droit avec la sourdine apporte un côté étouffé que j’aime beaucoup. » Guillaume se lève et m’en fait la démonstration. « J’ai voulu faire des morceaux de musique instrumentale, presque d’approche classique, mais avec un esprit de la rue. Un truc vrai, avec des défauts dans le son. » De sa culture jazz, il a gardé le goût de l’improvisation : « en musique j’aime prendre des risques. » Il répète « en musique » et sourit.
Dans son métier, Guillaume est exigeant. Intransigeant parfois. Dans son hygiène de vie, il l’est aussi, depuis plusieurs années. « J’ai toujours été une petite nature. Plus jeune, je mangeais mal, j’aimais faire la fête. Et mon corps n’encaissait pas bien. » Cela lui posait des difficultés dans sa pratique musicale, pour la trompette. Du jour au lendemain, il a tout arrêté. L’alcool, la junk food. Pour être en bonne santé et continuer de faire ce qu’il a toujours fait. De la musique. « Je ne sais faire que ça. » avoue-t-il modestement avant de jouer Morning roots sur son piano. Et entre deux notes, je me dis Peu importe qu’il ne sache faire que ça Guillaume Poncelet. Parce qu’il le fait vraiment bien.
Guillaume Poncelet accompagne Gaël Faye sur Rythmes et botanique qui vient de remporter le trophée « Révélation scène » aux Victoires de la musique le 9 février dernier. Avec son premier album solo Quatre vingt huit, Guillaume Poncelet se produira le 13 février 2018 au Centquatre à Paris (complet). Il y invite Gaël Faye et Ben Mazué.
Son concert sera diffusé en live sur Facebook à partir de 20h30 le mardi 13 février -> Cliquer
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Comme toujours je lis tes mots et tes portraits comme une poésie, et cela me donne toujours envie d’en découvrir un peu plus. Je vais de ce pas me renseigner sur l’album !