Malik Djoudi

S’ouvrir à l’autre sans artifice. C’est le sujet de Point sensible, un morceau extrait du nouvel album de Malik Djoudi. Dans Troie, son dernier né, l’artiste choisit une musique plus organique pour se raconter. Et c’est avec la pudeur qui le caractérise que Malik a accepté de se dévoiler.

Malik Djoudi ©Edgar Berg

© Edgar Berg

Malik Djoudi ©Edgar Berg

© Edgar Berg

En 2020, le monde s’est figé alors qu’il était en tournée. Seul face à lui-même, Malik a ressenti le besoin de se retrouver. Il décide alors de passer son premier confinement chez sa mère, dans la campagne près de Poitiers, « on prenait le temps, je me baladais ». Puis en mai, une hernie discale l’a comme paralysé. Pris de douleurs insupportables, Malik a composé pour oublier son corps qui souffrait. Et ce nouvel album lui a donné la force de se relever. Au sens propre comme au figuré.

Troie est traversé par la lumière du sud de la France où Malik a passé l’été 2020 à composer. Perché sur les hauteurs de Hyères, à la villa Noailles, il avait pour compagnons ses instruments, le soleil qui irradiait son lieu de résidence et la mer Méditerranée. « Je travaillais la journée et, vers 18h, j’allais me baigner ». Malik s’en souvient comme d’une période hors du temps, privilégiée, « j’avais une bonne hygiène de vie, j’étais apaisé ». Ce lieu, il le fréquente régulièrement, « j’y suis venu en 2017 pour le Midi Festival et je me suis lié d’amitié avec les gens de la villa. » Il y a ses repères et s’y sent en sécurité.

« Quand tu fais de la musique, tu bouges tellement que tu n’as pas vraiment de chez toi. »

Même s’il y vit depuis maintenant quatre ans, Malik ne considère pas Paris comme son foyer. Lorsque je lui demande quel est le lieu où il se sent chez lui, il marque une temps d’arrêt. Avant d’évoquer cette île en Asie où il avait l’habitude de se rendre chaque année, « J’espère y retourner bientôt ».  Là-bas, il aime « faire de la moto, avec de la musique dans les oreilles, la liberté ». C’est donc au bout du monde que Malik se sent chez lui. Et le nom de son havre de paix est un secret bien gardé.

Malik Djoudi ©Marie Minair

© Marie Minair

L’Asie, Malik s’y est rendu en 2015. Après le décès de sa grand-mère maternelle, il a décidé de découvrir le Vietnam, ce pays où elle est née et qu’elle a dû quitter étant jeune. « Ma mère m’a eu à l’âge de 18 ans, j’ai passé beaucoup de temps avec ma grand-mère qui était le pilier de la famille. Je voulais retrouver ses proches, son village, la maison où elle est née ». Muni de quelques photos d’elle et de son acte de naissance, Malik s’est envolé sur les traces de son passé. Sur place, il est resté un mois et demi : « J’ai atterri à Saigon, j’ai remonté tout le Vietnam ». Sur son chemin, il a fait de belles rencontres, comme cette dame qui l’a abordé sur la place d’un village de montagne en lui disant « An com » pour l’inviter à dîner. Malik s’est retrouvé à table avec la famille, une vingtaine de personnes, toutes générations confondues. « On a passé une soirée extraordinaire, nous ne parlions pas la même langue et nous dessinions sur des feuilles de papier pour communiquer ».

Et puis Malik a fini par trouver la maison de sa grand-mère. Il a pu ainsi collecter les pièces du puzzle qui lui manquaient. À son retour à Poitiers, il a posé les accords de ce qui deviendra Un, son premier album solo. Ce voyage lui a permis, à 35 ans, de trouver sa voix. Elle sera haut perchée. Opposée à la voix grave de l’homme qui est en train de me parler. Cette dualité de tessiture est étonnante. C’est en tout cas du côté des aigus que Malik s’est révélé. Et qu’il brille depuis maintenant quatre années.

Malik Djoudi a composé pour le cinéma et la télé, a joué dans plusieurs groupes et fait partie d’une compagnie de danse. En 2017, il sort son premier album solo, Un, suivi de Tempéraments en 2019. En 2020, il est nommé dans la catégorie « Album révélation de l’année » aux Victoires de la musique. Troie, le dernier né de Malik Djoudi, vient de paraître, toujours sur le label Cinq7. L’artiste commence sa tournée et se produira le 25 novembre prochain à La Cigale à Paris. Il est programmé aux côtés des Australiens de Tame Impala à Rock en Seine en 2022.