Éric Metzger
Les gens connaissent Éric Metzger comme « le petit » du duo comique Éric et Quentin qui officie dans l’émission Quotidien de Yann Barthès. Ce qu’ils savent moins, c’est qu’Éric est un hyperactif passionné de littérature qui travaille sans relâche sa plume pour l’aiguiser. Le 8 février, il publie son 3ème roman Les Orphée. Au fil des pages, c’est une autre facette de sa personnalité que le lecteur va découvrir, bien éloignée de l’image qu’il donne à la télé.
© Marie Minair
Notre rendez-vous est programmé dans un café à côté de la Comédie Française, « parce que c’est un bel endroit. » Éric est ponctuel. Je lui fais remarquer. « L’élégance » ironise-t-il avec un sourire qui semble cacher une pointe de timidité. Nous commandons un thé et attaquons le sujet, Les Orphée. Le ton de ce roman est différent de son précédent, Adolphe a disparu. Dans ce dernier, l’auteur y décrivait avec beaucoup de pudeur une relation mère/fils un peu compliquée. Ses mots, toujours choisis avec beaucoup de finesse, venaient titiller la sensibilité du lecteur. Dans Les Orphée, c’est une nouvelle couche que l’auteur vient effeuiller. Son héros s’appelle Louis. Enfin, la journée. Car à la nuit tombée, il enfile une chemise préalablement (et rituellement) repassée en guise de costume et devient Orphée. Le masque que Louis revêt est transparent. Il est liquide. C’est la vodka. À coups de shots, le jeune homme disparaît dans l’enfer des bars parisiens et c’est un espiègle, insolent et romantique Orphée qui prend les commandes pour la soirée. Les personnes qu’il croise se transforment en personnages de mythologie. Mais pas d’inquiétude, nul besoin d’avoir suivi des cours de grec ou de latin pour comprendre le roman d’Éric Metzger. Le narrateur nous donne les clefs et nous embarque avec lui dans ses explorations nocturnes à la recherche de son Eurydice.
© Marie Minair
Au même titre qu’Orphée se lance dans la nuit comme un aventurier, Éric Metzger explore les styles littéraires afin de s’élucider : « j’ai du mal à me définir » avoue-t-il entre deux gorgées de thé. Et il emploie une grande partie de son énergie créative dans cette quête là. Les Orphée n’est même pas encore paru qu’Éric a déjà bientôt terminé l’écriture d’un nouveau roman. « En terme de style, il sera encore différent. J’aimerais beaucoup parvenir à tous les maîtriser. Ça prendra du temps, je le sais. » S’il a toujours été passionné par la lecture depuis son enfance, Éric n’était pas bon élève. Trop dissipé en classe. Trop occupé à se faire remarquer : « L’école c’était mon défouloir. » Chez lui, il s’isolait beaucoup dans sa chambre, y dînait même. Il passait du temps avec les personnages des romans qu’il affectionnait. Il partage avec Solal d’Albert Cohen, son auteur préféré, « une vision de la séduction et des manèges très juste. » Il s’identifie volontiers à ce héros désabusé et déchiré par la différence entre ce qu’il est et ce qu’il doit paraître en société. Il aime aussi Stendhal, Romain Gary, Tolstoï, Dostoïevski, Hemingway, Fitzgerald, Balzac. « Tous m’ont éduqué. » Et c’est en Prépa littéraire, lorsqu’on lui a enfin permis de réfléchir par lui-même, qu’il s’est mis à bosser.
L’écriture a toujours tenu une grande place dans sa vie. C’est d’ailleurs en tant qu’auteur pour le SAV d’Omar et Fred qu’il a commencé sa carrière à la télé il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, en plus de l’émission Quotidien, il consacre énormément de temps à ses romans : « ils me permettent d’avoir plusieurs vies. » Pendant longtemps, Éric a eu peur de prendre l’avion. Il a récemment compris que ce n’était pas la mort qui le terrorisait mais l’idée de mourir avec un manuscrit dans son ordinateur. « Je me rends compte que j’écris car j’ai la phobie de ne laisser aucune trace. Les gens meurent et on oublie. » En écrivant, on laisse un héritage, une poussière de soi. La mort est un sujet évoqué dans ces romans. Dans Adolphe a disparu, comme dans Les Orphée, le personnage est orphelin de père. « Un jour je n’en parlerai plus. » Son père, Éric l’a perdu il y a 4 ans maintenant. « J’ai compris ce qu’était avoir des problèmes, autres que des peines de cœur. Cette expérience m’a fait grandir. » L’autre point commun avec le personnage d’Orphée est ce besoin de découvertes. « J’adore m’aventurer la nuit, me bagarrer avec elle. Faire des rencontres improbables. »
Lorsque j’évoque la recherche d’Eurydice, l’auteur affirme qu’Orphée devrait laisser tomber le mythe et rencontrer Francine. Et Éric Metzger ? « J’ai de très mauvais exemples littéraires avec Solal et Julien Sorel qui sont des personnages orgueilleux. Ils m’ont mal éduqué. »
Le troisième roman d’Éric Metzger Les Orphée parait le 8 février chez Gallimard (collection L’Arpenteur). Dans la même collection, il a écrit La nuit des trente (2015) et Adolphe a disparu (2017).
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