Vanille

« J’aurais aimé être un garçon, avoir le feu dans mon pantalon, j’aurais ramené toutes les gonzesses, leur faisant croire qu’elles sont des princesses ». Dès les premières paroles de son single « Moi garçon », c’est une Vanille mutine qui nous embarque dans un univers folk aux accents décalés. A 27 ans, la plus jeune fille de Julien Clerc signe son premier album. Je la retrouve en début d’après-midi à La REcyclerie dans le 18ème arrondissement de Paris.

© Marie Minair

© Marie Minair

Vanille a choisi ce lieu atypique Porte de Clignancourt car elle y vient de temps en temps pour siroter un jus de bissap ou de gingembre; « on y trouve des boissons exotiques et originales ». Cette ancienne gare ferroviaire qui abrite désormais une cantine se veut être un lieu d’échange autour des valeurs du développement durable et de l’écologie. Par la fenêtre, en face de la table où nous nous installons, nous apercevons le potager le long des rails. Vanille m’interpelle avant d’éclater de rire « Mais qu’est-ce qu’elle fait avec sa brouette ? Moi j’adore jardiner mais je n’ai pas de brouette ».

Dans son clip, elle est vêtue d’une robe noire fendue plutôt sexy. La jeune femme en face de moi est naturelle, pas maquillée, ses longs cheveux ondulés sont  lâchés sur ses épaules. Nul besoin d’artifice lorsque l’on transpire la féminité. Dans son premier titre sorti chez Barclay mi-février, Vanille chante qu’elle voudrait être un garçon. En réalité, elle ne le souhaite pas, mais adore parler des sentiments compliqués que l’on peut éprouver dans notre rapport à l’autre, quitte à un peu provoquer. Ce qu’elle aime surtout c’est le décalage qu’elle peut créer entre un texte sombre et une musique gaie. « La vie est un contraste, nous vivons dans le paradoxe, et c’est ce que j’essaie de faire ressortir de mes chansons ».

L’album qui sortira en septembre est son « premier projet ». Elle s’est faite repérée alors qu’elle écumait les scènes des bars parisiens avec quelques-unes de ses compositions. Ayant vécu à Londres, elle a d’abord chanté en anglais. Puis s’est vite rendue compte que le français racontait « sa vérité ». Étant fille de musicien, on peut penser qu’elle compose depuis toujours. Ce n’est pas le cas. Vanille a appris la guitare « un peu toute seule » à 21 ans et a commencé à écrire et chanter il y a seulement 4 ans ; le temps de trouver sa voix et sa tessiture… et d’assumer cette envie de faire de la musique.

« J’avais ça en moi, mais j’ai mis du temps à me lancer. Aujourd’hui, que ça marche ou non, je n’aurai pas de regret, puisque je l’ai fait ».

Son style musical se nourrit de l’univers de Vanille. Elle le qualifie ainsi : « chanson française folk métissée » et s’inspire beaucoup de la bossa nova brésilienne qu’elle affectionne particulièrement. À mesure que nous discutons, je me dis que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui porte aussi bien son prénom. Symbole de douceur, de féminité, de gourmandise, d’exotisme, la vanille colle à la peau de Vanille. Elle adore voyager. A pas mal baroudé, au Pérou, au Brésil, en Inde,… Son rêve ? L’Amérique Latine. Parlant couramment espagnol elle s’imagine déjà aller à la rencontre des gens vivant sur place. Son coup de cœur ? L’Inde, incontestablement. Elle l’a parcourue avec une amie à elle, sac à dos vissé sur les épaules ; « c’était dingue ». Elle s’est sentie proche spirituellement des hindous et de leur conception de la vie; de la notion de karma « si tu fais du mal aux autres, un jour cela te retombera dessus. En Europe, on n’a pas la même façon de voir les choses ».  Ses croyances ? « Je crois en la nature, en une certaine justice de la vie, mais pas en un dieu que l’on peut nommer ». Et puis, plus simplement, Vanille aime les fleurs, les couleurs, les bijoux. Avec un enthousiasme non déguisé, elle me montre ses nombreux bracelets, ses bagues,… tous rapportés dans ses valises.

Avant la musique, Vanille a étudié les medias et la production. Elle a vécu à Londres et à Madrid. A bossé un peu. Aujourd’hui elle se consacre à 100% à son projet. Auteure, compositrice, interprète, Vanille écrit le plus souvent dans sa chambre à Paris, son cocon ; « une pièce pas très éclairée ». Parfois à la campagne dans le Bordelais, d’où sa mère est originaire. Si le texte est très important pour elle, il sert la mélodie, s’adapte à la musique. Si certaines de ses chansons sont provocantes ce n’est pas le cas de sa personnalité. Vanille est attachée au respect et à l’empathie, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un caractère bien trempé « certainement hérité de mes origines corses » me dit-elle en souriant. Sa grand-mère paternelle était Guadeloupéenne. Est-ce cela qui lui a donné le goût du soleil ? « J’adore Paris et les gens que j’aime le plus y vivent. Mais je pense très souvent à m’installer dans un endroit où tu peux vivre en maillot de bain, pieds nus toute l’année ». Mumbay ? « Pourquoi pas… Mais je pense plutôt à une île…» Elle réfléchit avant de lancer « Cuba! » Elle aime la langue, les murs colorés, la musique. « Ou bien la Jamaïque ». Ses yeux pétillent. Et son enthousiasme m’emporte avec elle dans les Caraïbes.