Surfer rime avec Méditerranée
Épisode 2 avec Charlotte Rochez

Charlotte Rochez est photographe free-lance à Toulon. Un choix qu’elle a fait, guidée par sa passion des images mais aussi pour la liberté que lui offre son métier. Elle organise son emploi du temps en fonction des conditions météo. Et dès qu’une session de surf se profile, elle se jette à l’eau.

© Marie Minair

« Pour surfer en Méditerranée, il faut faire preuve de détermination » avoue Charlotte. Lorsque des vagues sont annoncées, c’est souvent parce qu’une tempête risque d’éclater. Pluie, vent, il faut se préparer à être bousculé. « Mais il y a aussi des sessions magnifiques » ajoute-t-elle. Et l’hiver, la température de l’eau descend rarement en dessous de la barre des 10 degrés.

C’est au Costa Rica que Charlotte a découvert le surf il y a 7 ans, « mon premier cours je l’ai pris en maillot de bain sous les cocotiers ». Même si elle a réussi à tenir debout sur sa planche, cette expérience n’a pas été pour elle une révélation. L’Amérique Latine, en revanche, l’a frappée en plein cœur. Moins d’un an après, elle s’envolait au Nicaragua pour retrouver sur place un ami, mordu de surf. Ils ont arpenté la côte Pacifique jusqu’à des endroits reculés, sauvages, sans route goudronnée. Ils ont séjourné dans un ranch tenu par un Belge. La Belgique, c’est le pays où Charlotte a grandi.

Charlotte se retrouve à l’eau, sur la planche en laminé bambou que son compatriote lui a gentiment prêtée. Sans savoir surfer. Et elle se « fait lessiver comme jamais ». Pourtant, elle garde en mémoire l’image magique du soleil se couchant sur la plage de sable noir. Elle découvre des sensations jusqu’alors inconnues : la liberté et le bien-être de faire corps avec la nature. À son retour en France, elle en est convaincue, elle apprendra à surfer.

© Marie Minair
© Marie Minair
© Marie Minair
© Marie Minair

Le lendemain de son arrivée à Hyères, elle s’achète une combinaison et une planche d’occasion. Son apprentissage de la météo commence : elle doit comprendre quand et comment aller surfer. À son compteur, beaucoup de ratés, des kilomètres avalés à la recherche des vagues. Elle se déplace seule mais se lie rapidement d’amitié avec des surfeurs qui la conseillent pour progresser. C’est seulement après deux ans de pratique acharnée, à raison de trois sessions par semaine, qu’un déclic se produit : « j’ai compris que je pouvais contrôler mes virages avec un fish » (une planche plus petite).

« Quand j’ai débuté, peu de nanas surfaient. Je me sentais forte. »

Charlotte parle du surf comme d’une drogue dont elle est accro. « Dans les périodes difficiles, le surf m’a maintenu la tête hors de l’eau. » Comme si le poids qu’elle portait sur ses épaules devenait plus léger lorsqu’elle flottait. Des cicatrices, le surf lui en a laissées. « J’ai eu plein d’accidents avec la planche. J’ai même perdu connaissance une fois dans les Landes, c’est un touriste allemand qui est venu me repêcher. » Les points de suture, elle s’amuse à les compter « J’en ai eu huit sur la jambe et deux au crâne ». Des blessures qui n’ont jamais altéré son envie de surfer, « bien au contraire ». Le surf a changé sa vie et elle n’est pas prête d’y renoncer.

Photos et textes © Marie Minair